« Peut-être aurai-je apporté quelques rayons au faisceau de lumières qui va éclairer une question toute nouvelle. Peut-être aussi, au moment où l’Orthopédie, appelée à prendre le rang que lui assigne son importance, va obtenir de la philanthropie du gouvernement des établissements destinés à secourir l’indigence, verrai-je mon nom honorablement mentionné, pour avoir, le premier en France, appelé l’attention sur cette branche de guérir et concouru de tous mes moyens à ses progrès et à son illustration. » François Humbert, Traité des difformités du système osseux, Paris, 1838
Ces premières années et sa formation sont chahutées à la fois par une vie familiale complexe et par la Révolution. Le jeune François Humbert ne trouve pas sa place, il estime ainsi que ses dix premières années d’éducation le laissent « dans un état de nullité complète9 ». Les événements révolutionnaires perturbent les structures d’enseignement classique, mais ils donnent aussi des idéaux nouveaux à un adolescent étriqué dans une famille où il ne se sent pas à l’aise.
Autodidacte, il réussit à assouvir sa soif de liberté et fut un orthopédiste visionnaire. Novateur, pour avoir été le premier en France à ouvrir l’orthopédie sur les traitements des Luxations Congénitales de la Hanche, il a du faire face à de nombreuses critiques. Aux accusations répétées, seule sa personnalité forte et passionnée lui permit de garder la constance dans son projet. Sa carrière est couronnée par l’attribution en 1829 de la Légion d’Honneur.
« Pour obtenir des succès en orthopédie, des connaissances approfondies, et une grande pratique en médecine et en chirurgie, ne sont pas suffisantes ; il faut encore des dispositions innées pour la mécanique. Un ouvrier, si habile et si intelligent qu’il puisse être, se pénétrera difficilement de la pensée des médecins, parce qu’il ne connait pas lui-même la médecine, et que, par conséquent, il ne pourra pas bien saisir les indications à remplir. Pour arriver à ce résultat, il faut qu’il y ait chez le même individu réunion des deux genres de connaissances. On a donc tort de considérer l’orthopédie comme une division de la chirurgie, pour laquelle on doit, ainsi que pour toutes les autres, abandonner entièrement à des artistes tout ce qui concerne les machines et appareils. Tout au plus s’il en serait ainsi, en admettant que les difformités puissent être corrigées par un nombre de machines limité et donc la construction serait toujours la même… Elles sont aussi variées que les cas auxquels elles s’appliquent, et tous les jours on peut se trouver dans la nécessité d’ajouter à leurs modifications. Je ne connais pas d’orthopédie possible, si elle n’est dirigée dans cet esprit ».
Sources et crédits photographiques
AD55, 8J18, Mémoires de F. Humbert