Un collectionneur

Un prestigieux cabinet de curiosité

Comme de nombreux érudits depuis le XVIe siècle, François Humbert possède un cabinet de curiosités. A sa mort, une partie de cette collection – plus de 200 objets – entre dans les musées de Bar-le-Duc et de Nancy. Cette donation a nécessité d’âpres négociations entre ces municipalités et les héritiers de l’orthopédiste. Mais aujourd’hui, pour le musée barrois, certaines pièces constituent un patrimoine de première importance.

Destinée à aiguiser la curiosité et l’évasion, mais aussi à servir de support aux savoirs et à l’étude, cette collection est constituée en plusieurs thématiques.

Des objets archéologiques 

Ils proviennent pour la plupart, de différentes découvertes réalisées aux environs du village de Morley (clé romaine, urne cinéraire…). La Meuse est une région riche en vestiges romains et gallo-romains. Le village antique de Nassium, première capitale des Leucques, peuple gaulois, se situe à 16 km de Morley. Grand, cité religieuse gallo-romaine, peuplée  de 20 000 habitants sous l’Antiquité, est distante de 35 km. Des éléments d’architecture provenant d’Italie (Herculanum) sont également cités.

Le pilastre, dénommé « la stèle de l’oculiste » est une œuvre importante. Trouvée en 1829, aux abords de Morley, cette pièce prestigieuse, représentant un soin oculaire, sert de logo à la Société Francophone d’Histoire de l’Ophtalmologie.

De l’ethnographie 

Cette collection renferme divers objets étrangers : fruits exotiques, outils, objets d’art, armes… Actuellement, la pièce la plus prestigieuse du musée barrois provient de cet ensemble. Le zémi taïno est une pièce en bois du XIIe siècle, provenant d’une civilisation des Antilles, éradiquée lors de la conquête de 1492.  L’urne montre une représentation masculine, ithyphallique, symbole de fécondité et alliée au culte des ancêtres. Cette idole désignée sous le nom de zémi abritait des ossements humains. L’urne a été étudiée, en 2008, par une équipe de chercheurs anglais. Ce zémi est un des rares exemplaires identifiés à ce jour.

Des militaria 

Plusieurs armures, hallebardes, casques, poignards sont mentionnés. Certaines de ces pièces semblent provenir du château des princes de Joinville (Haute-Marne). Pour rappel, F. Humbert fut pendant quelques mois, médecin à l’hospice de cette ville. Cet établissement avait hérité d’une partie des collections du château princier installé dans la commune.

Des œuvres d’art 

Des tableaux, un coffret du XVIe siècle ayant appartenu à Marie-Antoinette de Lorraine, un émail de Limoges, et d’autres objets décoratifs montrent l’intérêt de l’orthopédiste pour l’art. Il possédait également une importante collection de pièces, issues essentiellement de celle du père de Faustin Poëy d’Avant, célèbre numismate français. Elle est vendue peu après le décès de F. Humbert.

Une collection d’histoire naturelle

Il faut ajouter une collection d’ostéologie et d’histoire naturelle : un crâne d’hippopotame, des rostres de poisson-scie, et de nombreux squelettes d’animaux… comme des squelettes de perches de la rivière voisine, et autres poissons, des poules, etc. Ils montrent l’intérêt de ce médecin pour les sciences naturelles.

Il faut citer également sa collection de minéraux, certainement constituée par l’intermédiaire de son ami, Pierre-Louis-Antoine Cordier, pair de France, président fondateur de la Société géologie de France. Créateur des collections de géologie au Muséum National d’Histoire Naturelle, P.-L.-A. Cordier dut enrichir la collection de son ami pour qu’elle soit de premier plan.


Sources et crédits photographiques

Musée barrois, dossier Humbert et dossier histoire du musée barrois

Portrait du duc de Guise, Musée barrois, Bar-le Duc, © M. Petit

Zémi, Grandes Antilles, XIIe siècle, Musée barrois, Bar-le-Duc, © M. Petit

Urne cinéraire, Musée barrois, Bar-le Duc, © M. Petit

Crane d’hippopotame, rostre de poison scie, musée barrois, Bar-le-Duc

Gobelet, musée lorrain, photographie M. Pionnier

Pilastre, « stèle de l’oculiste », Premier quart du IIe siècle, Musée barrois, Bar-le-Duc, © M. Petit