L’architecture de l’établissement orthopédique

L’établissement orthopédique de Morley

Les premières institutions spécialisées sont encore rares et elles ne concernent que des typologies particulières : aliénés, vieillards, enfants, femmes en couches… Bien que des réflexions architecturales spécifiques aux hôpitaux naissent après l’incendie de l’hôtel-Dieu de Paris, en 1772, l’établissement de Morley n’est pas conçu dans cette pensée d’architecture médicale.

La construction de l’établissement se fait d’une manière successive, au fil des années, des opportunités et de capacités financières de son propriétaire.  

Le commencement

Il s’agit de l’habitation acquise par son mariage. Le plan cadastral de 1810 nous montre un premier îlot de maisons isolées.

« Quand j’avais commencé mon établissement, je n’ai jamais eu la pensée de croire qu’il pourrait acquérir un accroissement aussi considérable. Aussi, je m’étais borné à utiliser le peu de logements que j’avais, qui consistaient en cinq pièces par bas et trois dans le haut qui n’était que des espèces de cabinet, un grenier, une grange, une écurie, une chambre à four et un jardin. J’avais encore attenant au jardin deux petites maisons de paysans qui me servaient de remise ou décharge. Le tout en assez mauvais état. Au fur et à mesure de mes bénéfices, je les fis approprier du mieux possible. Mes bains qui étaient dans le haut furent replacés au rez-de-chaussée, ce qui me donna une chambre de plus. Mais ce qu’il y avait de plus incommode, c’est qu’il n’y avait qu’une sortie qui était par la cuisine, tout se surmarchait

Vers 1820/1825

Puis son voisin lui propose un échange de maisons lui permettant de construire une nouvelle aile. « Je pris moi-même les longueurs et largeurs de la surface de terrain et je vis en calculant que je pourrai avoir une grande cour, faire construire un fer à cheval pour réunir à la maison principale. Le lendemain matin, je me levai à deux heures et je fis les plans de la maison à construire, j’établis les points de communication, je fis un aperçu des dépenses et à sept heures du matin, j’alla trouver mon voisin. »

Cadastre 1810 et 1825

La construction du théâtre en 1826

Cette partie longue de plus de 40 mètres marqua l’achèvement du domaine construit de l’établissement orthopédique.

Si les façades actuelles nous donnent un aperçu de la physionomie de l’établissement, le fonctionnement interne est aujourd’hui impossible à reconstituer, du fait des importantes modifications structurelles qu’ont subies les maisons. « Ce grand développement donné à mon établissement devint pour moi un grand soulagement parce que j’avais tout réuni, il est suffisant pour loger cent personnes. »

Recevant des malades des deux sexes, l’établissement possède également une maison distincte où sont soignés les patients masculins.

L’eau

Utilisant des douches et autres systèmes de bains de vapeur pour les soins, l’eau est un élément important à prendre en compte dans le fonctionnement de l’établissement. Au départ, François Humbert emploie des personnes pour aller chercher l’eau, à la rivière, située proche de maison, à l’aide de seaux.

Mais ce système a ses limites. Dans certaines périodes, il ne suffit pas, il crée alors un dispositif pour chercher l’eau directement dans le cours d’eau. « Ce qui manquait essentiellement à la maison était l’eau, qu’on était obligé d’aller chercher à la rivière, n’ayant dans le village, ni puits, ni fontaine. Comme la rivière manque d’eau pendant les sécheresses et les fortes gelées, qu’elle ne se renouvelle dans les temps que de deux ou trois jours l’un, alors dans ce cas, on était obligé d’aller la chercher à seau dans des fosses à une distance très éloignée. Ce qui était un grand travail pour les domestiques dont on devait en augmenter le nombre rien que pour cette cause. Alors, je pensais que si on pouvait faire dans ma cour un réservoir suffisamment grand, cela serait d’une grande utilité. Comme ma maison est voisine de la rivière, je pouvais facilement au moyen d’un conduit faire arriver l’eau dans ce réservoir. Ce projet fut expérimenté et nous avions constamment à notre disposition de cent cinquante à deux cents tonneaux, une pompe y fut établie. »


Sources et crédits photographiques

Façade établissement orthopédique, Morley, photographie association F. Humbert

Carte postale, Association F. Humbert

Plan de Morley, 1810 et 1825, AD55, PL 104 15(p)

Clé de voute du théâtre, établissement Orthopédique Morley

Carte postale, Association F. Humbert