Sa famille

La famille Humbert-Delaval : la bourgeoisie provinciale de robe en lien avec la noblesse locale

Le 22 Octobre 1776, François Humbert naît à Châlons-en-Champagne (Marne), second enfant du couple Humbert-Delaval. Rien ne le prédispose à embrasser une carrière médicale, ses deux parents étant issus de la bourgeoisie de robe provinciale.

Sa famille paternelle est originaire du village de Brauvilliers (Meuse). Son père, Jean-Baptiste Hyacinthe Humbert (1749-1808), licencié en droit, est lors de son mariage en 1773, avocat à Bar-le-Duc (Meuse). Cette famille exerce diverses professions juridiques, depuis le début du XVIIe siècle. Les plaques funéraires encore conservées dans l’église paroissiale de Brauvilliers l’attestent. Son aïeul, Edme Humbert (1600-1680) est mentionné comme procureur fiscal du village.

Ce mariage illustre la définition de la bourgeoise de robe, constituée par un groupe social spécifique, structuré autour d’enjeux communs. Les activités de ces juristes (avocats, magistrats, procureurs…) restent perméables, elles sont multiples, elles se chevauchent. La licence, diplôme universitaire nécessitant un effort financier important avec ses trois années d’études ouvre l’accès au barreau, mais permet aussi à son possesseur d’accéder à la classe supérieure des « legisprudens ». Sous l’Ancien Régime, cette bourgeoisie de robe reste le premier palier d’une ascension sociale, en particulier pour les personnes venant du négoce ou de la propriété roturière, dont nombre d’individus regardent vers le premier ordre. Des alliances avec des membres de la petite noblesse sont donc à noter, dans les deux branches familiales de F. Humbert. Par exemple, une de ses arrière-grand-mères maternelles est issue de la famille « de Narcy ». Sa tante paternelle, Agathe Humbert épouse Christophe de Fleury, écuyer, appartenant à la noblesse du Barrois depuis le XVIe siècle. Marie Jeanne Delaval, une de ses tantes maternelles, épouse en 1770, Louis de Vige de Vamont, Seigneur de Drouilly.

Antoine de Fleury, XVIe
(Musée barrois, Bar-le-Duc)
Armoiries famille de Fleury
(Armoirial Pelletier, 1758)

Sa famille maternelle est originaire de Châlons-en-Champagne. Sa mère, Pome Delaval (1746-1806), est la fille de Jean Delaval, procureur au conseil supérieur et siège royaux de la ville et de mademoiselle Le Moyne, issue d’une famille aisée de la ville, alliant activité de négoce (marchand tanneur) et bourgeoisie de robe. Son frère, Jean-Pierre Delaval, est également avocat au parlement de Paris.

Puis son arrière-grand-père, Louis Joseph Humbert (1691-1774) est nommé, en 1724, par lettre patente de Louis XV, signée au château de Chantilly (Oise), « greffier de la compagnie des gardes en la connétablie et maréchaussée de France ». Enfin, Jean-Baptiste Humbert (1716-1789), le grand-père de François Humbert est avocat et maire royal d’Ancerville (Meuse).

Quelques parents en lien avec le milieu médical

Dans ce contexte familial, seules quelques personnes issues de la branche maternelle de F. Humbert ont un lien avec le monde médical.

Le parrain de sa mère, Charles de Pinteville, est receveur de l’hôtel-Dieu de Châlons-en-Champagne. Réunissant, depuis 1606, différents établissements, l’hôtel-Dieu connaît plusieurs agrandissements pour atteindre une capacité d’accueil de 40 hommes, 66 femmes et 90 enfants au début du XIXe siècle. La place de receveur situe Charles de Pinteville comme seul administrateur en charge de la régie des biens, des recettes et de la gestion de la comptabilité de cet établissement.

Sa tante maternelle, Marie Elisabeth Delaval, épouse en 1773, Louis Museux. Il est le fils de Nicolas Museux, prévôt des chirurgiens de Reims, chirurgien de l’hôtel-Dieu de Reims, lieutenant du premier chirurgien du roi et membre de l’Académie royale de chirurgie. Nicolas Museux est aussi l’inventeur de la pince chirurgicale qui porte encore aujourd’hui son nom.

Puis Joseph Huttier, qualifié de « parent d’un de mes oncles » par F. Humbert dans ses mémoires, est chirurgien militaire. Il fait entrer en 1792, le jeune homme comme chirurgien surnuméraire à l’hôpital militaire ambulant de Châlons-en-Champagne. Ce personnage central dans l’apprentissage médical de F. Humbert devint en 1793 son beau-frère, en épousant sa jeune sœur, Jeanne-Catherine Humbert.

Jeanne-Catherine Huttier,
née Humbert
Collection privée

Joseph Huttier, 1803
par Louis Devouges
Collection privée

Vaillant Huttier
Collection privée


C’est dans cette fin du XVIIIe siècle où la bourgeoise et la noblesse ne constituent plus des corps sociaux homogènes que F. Humbert grandit. Sa famille est encore ancrée dans des valeurs empreintes de l’Ancien Régime, sources de conflits récurrents avec le jeune homme.

Vers une famille de médecins

En 1802, F. Humbert épouse sa cousine germaine, Jeanne de Fleury (1774-1824), qui réside dans le village meusien de Morley. La dispense de mariage est signée par le cardinal Caprara, légat du pape, prélat de première importance dans l’Eglise de France.

Un fils unique, Nicolas, Jules naît de ce mariage, en 1803. Il étudie la médecine à Paris et soutient sa thèse « Dissertation sur l’érysipèle », en 1830. Il épouse en 1834, Alexandrine Mathilde Bourgeois de Ménil, née au château de Morlaincourt, issue d’une famille noble du Barrois. Il travaille avec son père au sein de l’établissement, mais la mort prématurée de ce fils unique, en 1840 signa la fin de l’établissement orthopédique de Morley.

Château de Morlaincourt (55)

Thèse de médecine
soutenue par N. Humbert à Paris, 1830
(Médiathèque J. Jeukens)

Du mariage de J. Huttier avec la sœur de F. Humbert, naît Vaillant Huttier (1794-1861). Chirurgien militaire, chevalier de la Légion d’honneur, Vaillant Huttier épouse également une jeune fille de Lorraine, Louise de Barthélemy, petite-fille d’un militaire engagé dans la Guerre d’Indépendance américaine. Ils sont inhumés à Commercy (Meuse).

Seule cette première génération embrasse la carrière médicale, les autres membres de la famille s’engagent plutôt dans des carrières militaires.

Sources et crédits photographiques

Eglise de Brauvilliers (Meuse), sacristie, pierre tombale

Archives privées, Lettre patente de Louis XVI, Chantilly, 19 juillet 1724,

Portrait de Vaillant Huttier, archives privées

Portrait d’Antoine de Fleury, musée barrois

Etat civil, AD55, E dépôt 56 (1 E 5), 1752-1775 Brauvilliers

Mémoires de F. Humbert, AD55, 8J18

Etat civil, AD51, 2E 119/3, Châlons-en-Champagne, 1771-1781

Etat civil, AD51, 2E 119/235, Châlons-en-Champagne, 1793

Dispense de mariage, signée du cardinal-légat Caprara, datée du 6 janvier 1802, AD55, 8J16,

Association F. Humbert de Morley